

Dr Alidou Razackou Ibourahima Boro, enseignant-chercheur à l’Université de Parakou (Up), signe son grand retour dans la sphère de la littérature béninoise avec la parution de son nouveau chef-d’œuvre. “La République en ébullition”, c’est le titre de la pièce théâtrale de l’enseignant au triple casquette qui sait bien allier enseignement, musique et la plume dont la verve capte, séduit et sidéré tout lecteur. Dans un style accessible, raffiné et surtout patenté, Dr Alidou Razackou Ibourahima Boro dénonce plusieurs fléaux qui minent des États africains notamment la mauvaise gestion des gouvernants. Dans l’ouvrage “La République en ébullition” édité par la maison “Les éditions Koburou”, l’auteur fustige aussi les comportements des enfants de riches à l’endroit de leurs enseignants. Le lancement officiel de ce livre est prévu pour bientôt et les férus de la littérature pourront le dévorer sans modération.
Que retenir de la pièce théâtrale “La République en ébullition” ?
« République en Ébullition » est un drame politique audacieux se déroulant dans une république africaine fictive. Il dépeint une nation piégée dans un cycle infernal de corruption, de répression et de déchéance morale, où le pouvoir s’exerce par la peur, la violence et la manipulation.
Acte I : Le règne de la terreur
Takoraba, bras armé du Président (“Ancien”), enlève et assassine les opposants, les journalistes et les fonctionnaires intègres.
Le régime utilise le viol, le chantage, la torture et les exécutions sommaires pour faire taire les résistances.
Le Procureur est tué pour avoir voulu mener une enquête.
Les médias sont muselés ; la Première Dame reste complice ou passive.
Acte II : Élections truquées et transmission du pouvoir
Avant les élections, Ancien et ses ministres (notamment Gogowaa) pillent les caisses publiques.
Bien qu’il perde les élections, Ancien transmet le pouvoir à un successeur choisi (“Nouveau”) par un accord secret lié à une opération financière codée OPK : un fonds de plusieurs centaines de millions de dollars logé à l’étranger.
Acte III : Une jeunesse corrompue
La pourriture morale atteint les enfants des élites : Roméo (fils de Takoraba) et Agnès (fille du commissaire) falsifient leurs bulletins, menacent les professeurs et vivent dans la luxure, en toute impunité.
Les autres élèves riches insultent les enseignants, fument, fréquentent les hôtels, pendant que leurs parents ferment les yeux.
Acte IV : Un nouveau pouvoir, les mêmes méthodes
Nouveau devient président, mais adopte les mêmes pratiques que son prédécesseur.
Il maintient Takoraba au gouvernement et poursuit l’opération OPK.
Sa femme, la Première Dame, dévoile son ambition de réviser la Constitution pour rester au pouvoir à vie.
Acte V : Résistance, vengeance et prise de conscience
La mère d’Agnès, victime d’un viol collectif orchestré par Takoraba, décide de se venger.
Elle recrute Roméo, le fils même de Takoraba, pour infiltrer le système et tuer un à un les anciens ministres corrompus, à l’aide d’aiguilles empoisonnées mortelles.
Thèmes et Analyse
Corruption et impunité
Le fil conducteur est la corruption d’un régime qui utilise les institutions de l’État pour ses intérêts privés, au mépris total de la loi et des droits humains.
L’effondrement des institutions
Toutes les institutions sont compromises :
La police protège les criminels.
Le système éducatif est manipulé.
La presse est censurée.
La justice est paralysée.
Déchéance générationnelle
Les enfants reproduisent les vices de leurs parents. Roméo et Agnès illustrent comment le pouvoir et l’argent pervertissent la jeunesse — jusqu’au moment où Roméo commence à se réveiller.
Les femmes et la résistance
Malgré l’oppression, les femmes apparaissent comme la conscience morale de la société, surtout la mère d’Agnès, qui devient le moteur d’un changement radical.
Satire et réalisme
La pièce utilise l’ironie noire pour dénoncer des réalités politiques criantes. L’exagération apparente révèle des mécanismes de pouvoir bien réels.
Dispositifs littéraires
Ironie : les politiciens dénoncent la violence tout en la commanditant.
Symbolisme : le téléphone vert représente les opérations secrètes ; les aiguilles empoisonnées sont les armes d’une justice clandestine.
Allégorie : la pièce est une métaphore de nombreux États africains postcoloniaux gangrenés par la dictature et les élites prédatrices.
Conclusion
« République en Ébullition » n’est pas qu’une pièce de théâtre : c’est une œuvre de résistance, un cri d’alerte politique, une satire sociale. Par ses scènes violentes et saisissantes, elle dénonce l’impunité des puissants et offre l’espoir d’un sursaut, même s’il vient des enfants de ces puissants.
Daniel KOUAGOU